Allô Rei-chan, bobo... [pv Rei]

Jake fronça les sourcils. Rei s’en était douté… Il ne le croyait pas. Mais que pouvait-il faire pour lui prouver que ses réactions, certes, un peu étranges étaient sincères. Il observa l’air sévère de son amant avec un petit air triste et chercha une manière de le persuader de son honnêteté, ou du moins qu’il pensait l’être. Ses bras puissants enfermèrent sa taille et il eut une fois de plus l’impression d’être aussi fragile qu’une statuette de porcelaine entre ses doigts. Il se contenta de le regarder tout en tentant de décrypter ses pensées pour pouvoir anticiper une réponse. Mais non, son visage restait fermé. Il entendit un murmure las. Il le vit ramener ses cheveux en arrière pour se dégager le visage et sentit leur effluve venir chatouiller ses narines.

—Tu peux te faire un bon plat là... Un omelette, avec des légumes... Et un peu de cumin, oui. J’ai pas envie que tu crois que hier... J’ai fais ça juste pour assouvir un caprice. J’en avais envie, depuis longtemps seulement... Je suis pas encore très okay avec l’idée... D’être avec un homme...

Bon… Malgré sa grande ressemblance avec les femmes, il restait tout de même un homme et il décida de prendre les informations unes à unes pour mieux les analyser. Tout d’abord, il fit une mine de gamin en faute lorsque Jake lui donna l’idée de faire une omelette. Il posa sa tête sur le torse du jeune homme, désespéré par sa propre bêtise et il lâcha :

« Ah bah… Pas bête ! »

Bon… Le voilà ridiculisé et transformé en abruti fini. On passe à la suite des choses. Un peu rouge à cause de la honte qu’il ressentait et de son amusement de sa propre bêtise, il remonta le visage à la suite des paroles. Sentant la rougeur de ses joues s’accentuer, il baissa le visage et demanda d’une voix timide :

« C’est vrai ? Fin… Je veux dire… C’est vrai que t’en avais envie ? »

De mieux en mieux. Il passait du gamin idiot, à la midinette transie. Allez, un petit tableau pour la fin, Rei ? Ses yeux s’agrandirent d’horreur à l’entente « d’être avec un homme… ». Être avec un homme ? Il voulait être avec qui ? Avec lui ? Mais… Mais… Mais… Quoi ?
Le psychologue sentit son visage devenir complètement carmin, ses oreilles comprises et sa bouche s’entrouvrir dans une expression de stupeur totale. Il y pensait sérieusement ? Le jeune homme secoua la tête et couina :

« Tu sais, on est pas obligés de se mettre ensemble après seulement une nuit… Je tiens à toi mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée de se précipiter comme ça… On pourrait continuer à se fréquenter puis ensuite prendre une décision lorsqu’on sentira que le moment sera venu… »

Il laissa un instant de silence et continua, l’air réellement gêné :

« Je veux dire, je ne suis pas une femme à marier et on est jeunes. On n’est pas obligés de se précipiter, au risque de le regretter ensuite… »

Un nouveau silence et il osa un timide regard envers l’américain, il couina, toujours très mal-à-l’aise et vaguement paniqué :

« …Tu ne penses pas ? »

Son regard se fit presque implorant. C’était beaucoup trop tôt pour lui, il ne voulait pas s’engager dans quelque chose de sérieux si vite. Il n’avait jamais vraiment aimé les responsabilités alors que ça lui tombe au coin de la figure, comme ça, c’était vraiment trop rapide et trop effrayant. Rei ne se sentait absolument pas prêt à devenir un adulte responsable et fidèle, même si c’était pour Jake. En fait, SURTOUT si c’était pour Jake. Cet homme était beaucoup trop perturbant…

Invité

Ce n’était pas grand-chose de lui montrer ce qu’il pouvait faire à manger, cela fit plaisir à l’américain qui observa le sourcil levé, la réaction de Rei. Lentement, un sourire étira les lèvres du jardinier, surtout quand il vit les rougeurs gagner les joues qu’il avait déjà vu de nombreuses fois se colorer de la sorte. Un plaisir chaud et doux envahi son corps et il eut envie de le prendre contre lui, cet homme qui lui faisait tourner la tête et qui remettait tout en question. La réalité était que dans la tête de Jake, c’était un sacré foutoir. D’un côté, il était content, satisfait de s’être rapproché comme ça du psychologue mais il n’assumait quand même pas le fait de dire qu’il était en couple avec.

Du coup, quand Rei lui demanda d’assurer ses paroles, le borgne hocha doucement la tête, pour confirmer ce qu’il venait de dire : il en avait envie depuis longtemps, de l’embrasser, de se laisser emporter par ses désirs. Finalement Rei lui sortit l’épine du pied, grand bien lui fasse parce qu’il ne savait pas du tout dans quel sens prendre le problème qui l’habitait. Jake sentit un grand soulagement le prendre tandis qu’il regardait Rei parler, dire qu’ils n’étaient pas obligés de se caser tout de suite, de se dire en couple… L’un comme l’autre ils n’avaient pas l’habitude, le borgne le savait et il n’en était que plus tranquille. Son cerveau cessa de bouillonner un instant, lui laissant du répit et surtout, plus libre de ses envies.

D’ailleurs, il se sentait tellement soulagé d’un poids sur la poitrine, qu’il sourit tendrement à Rei qui avait continué, apparemment inquiet et à le regarder comme ça, c’était dur pour Jake de lui résister. Réprimant un sourire avec difficulté, il se pinça les lèvres et glissa ses mains le long des hanches du psychologue pour les passer autour de sa taille et serrer le jeune homme contre lui. Lentement, il se pencha pour glisser un baiser sur les vagues rosées. Quand il le regarda à nouveau, il souriait doucement.

- Si, c’est justement ce que je pensais mais tu as mis les mots dessus… On fait comme ça alors ? On prend notre temps ? ça me va bien ça je… J’en ai besoin.

Il resserra doucement son étreinte et glissa sa joue contre la tempe de Rei pour en respirer doucement le parfum. Ça lui faisait un bien fou, enfin il se sentait tranquille et il espérait pouvoir revivre ça encore plein de fois. Il n’avait plus cette pression presque constante quand il pensait à lui et il se permit de l’embrasser un peu plus longuement cette fois, plus délicatement aussi sans retenir l’envie qui le submergeait chaque fois qu’il était si proche de Rei.

- Est-ce que je peux rester manger ? Demanda-t-il avec un petit sourire rieur.

Un petit repas et après, il repartirait chez lui, s’occuper de son appartement, parce qu’il l’avait laissé dans un léger bordel et qu’il fallait bien rentrer un jour dans sa caseba. Pas qu’il était maniaque, il y avait toujours deux trois chaussettes qui traînaient dans sa piaule et au moins une ou deux tasses dans l’évier ou sur la table avec un café croupissant légèrement depuis un ou deux jours, un petit fond, qui vous regardait de ses yeux noirs.

Mais le bordel allait rester à sa place, le temps manquant au jardinier qui tel superman, s’envolerait pour un tout autres horizons et une aventure dont il se serait volontiers passé.

[wow hey ! on y croyait plus, hein... >.<]

Encore une fois, les bras de Jake serrèrent son corps. Ce fut un nouveau moment d’égarement pour le jeune psychologue qui ne savait plus où donner de la tête. Son coeur battait à toute vitesse alors qu’il fixait son amant et son esprit s’embruma. Il ne fut bientôt plus capable de réfléchir correctement et ce fut seulement ses sens qui prirent le contrôle de son corps. La sensation de son coeur comblé, les mains douces de Jake autour de son corps. Son odeur puissante et bientôt le goût de ses lèvres sur les siennes. Il se résista pas et se laissa totalement faire. Il se perdait dans le bleu infini des prunelles du jardinier et écoutait le souffle qui s’échappait de ses lèvres. Il avait envie de le toucher, de le sentir, d’être encore plus près de lui. Une sensation de douceur s’emparait de son coeur en le transformant en caramel fondu et il avait le sentiment que si ça continuait, ses jambes céderaient tout simplement sous l’émotion. Il hocha la tête, acquiesçant à la suite des paroles de Jake mais resta silencieux.

Lorsque le jardinier resserra son étreinte, Rei ne pu résister et il passa ses bras autour de son cou. Il voulait le sentir tout contre lui et ce fut seulement lorsqu’il sentit son torse dur contre le sien qu’il se calma. Fermant les yeux, il laissa un soupir de bien-être filtrer la barrière de ses lèvres et tomber au creux de l’oreille de son amant. Il aurait voulut que le temps s’arrête pour que cet instant de tendresse ne cesse jamais. Il répondit au baiser de celui-ci et apprécia sa douceur, totalement conquis. Il faut dire que c’était tout de même un peu perturbant pour le psychologue qui n’avait jamais rien ressentit de la sorte et qui se sentait paniqué à cette idée. L’amour, ça faisait mal, non ? Il se mordit la lèvre à la fin du baiser, fixant Jake. Était-ce vraiment ce sentiment qu’il ressentait ? Il ne savait pas, il ne voulait pas savoir. C’était tellement agréable... Il voulait se laisser porter par le présent sans jamais avoir à réfléchir. Réfléchir, c’était mauvais, ça faisait souffrir. Et pourtant, c’était tout ce dont était capable le psychologue.

Le baiser prit fin. Le jardinier lui demandait s’il pouvait rester manger et Rei sourit, charmé par l’expression qu’avait Jake à cet instant. Il hocha la tête pour lui répondre :

« Oui, bien sûr. Reste manger. »

A contre-coeur, il se dégagea de son étreinte et se mit sur la pointe des pieds pour sceller leurs lèvres, l’embrassant de lui-même, pour une fois. Il commença à préparer à manger en déclarant :

« Tu peux aller t’asseoir, si tu veux. Ce sera bientôt prêt. »

Il sortit la vaisselle et s’occupa de tout. Il sentait encore les bras de Jake autour de son corps et l’empreinte de ses lèvres sur les siennes. Il avait l’impression que l’odeur enivrante du plus vieux avait prit possession de son corps et il ne pouvait s’empêcher d’être un peu dans la lune. Il manqua même de se couper tellement il avait l’esprit ailleurs et lâcha un petit « ouf ! » en se concentrant sur son travail. Manquerait plus qu’il se blesse lui aussi. Il tilta subitement et demanda :

« Au fait... Tes blessures... Ça va un peu mieux ? Tu me laisseras regarder tout à l’heure ? »

Il s’inquiétait pour son jardinier après tout. SON jardinier ? Rei commençait à s’emporter et il fronça les sourcils en s’administrant une claque mentale. Il n’était pas une midinette. Il commençait à se comporter comme une collégienne amoureuse et s’en devenait inquiétant...